Censure/Cyber sécurité, Sentsov/Baloukh, Sociologie, Littérature/Prix d’Ingeborg Bachmann

La situation dans la zone du conflit

Les troupes d’occupation russes ignorant la décision du Groupe de contact trilatéral pour établir la soi-disant « trêve du pain », ont poursuivi les attaques sur la quasi-totalité de la ligne de contact. Elles ont déployé des lance-grenades, des mitrailleuses de gros calibre et des armes légères. Les unités des Forces unies ukrainiennes gardent fidèlement les positions occupées, adhèrent strictement au régime du cessez-le-feu et ne réagissent pas aux provocations de l’ennemi. Cependant, les Forces militaires ukrainiennes se réservent le droit d’ouvrir le feu en réponse à la décision prise par le commandant de l’unité contre laquelle l’ennemi utilise des armes ou mène l’offensive. Toutes les décisions sur une réponse adéquate sont prises sur place. Les affrontements les plus intenses ont eu lieu dans le secteur de Marioupol, notamment aux abords des localités de Vodyane, Gnoutove, Chyrokine, Pavlopil, Tchermalykh et Lebedynske.


Un pas vers la censure ou un acte de cyber-sécurité ?

Un projet de loi controversé sur le blocage de sites internet en Ukraine a été discuté la semaine dernière. Les discussions ont été animées sur ce projet de loi qui offre la possibilité de bloquer des sites en Ukraine sans décision de justice. Les partisans de ce projet de loi mettent en avant l’importance de la cybersécurité, alors qu’une partie des médias et des experts mettent en garde à propos des risques de censure. Le parlement ukrainien devait examiner ce projet de loi le 5 juillet dernier, mais a décidé de le rapporter à ce mardi 10 juillet, soit la dernière semaine plénière avant la pause estivale du Parlement. Quel est le problème avec ce projet de loi ?

Qui a initié ce projet de loi?

Les initiateurs de ce projet de loi sont Ivan Vinnyk (Bloc de Petro Porochenko), Dmitry Tymtchuk ( « Front populaire ») et Tetyana Tchornovil ( « Front populaire »). Ils prétendent vouloir prendre soin de l’espace numérique ukrainien et de le protéger contre les menaces de virus et d’attaques.

Ce qui est écrit dans le projet de loi.

Les auteurs du document suggèrent de bloquer les ressources si leur contenu contient des signes de trahison de l’État, de terrorisme ou de suicide. « Personne ne suggère de fermer les sites. Si le site ne supprime pas volontairement les informations qui menacent la sécurité des informations, l’adresse IP de ces informations sera bloquée. Il n’est pas conseillé de bloquer tout le site. Cependant, les informations qui menacent la sécurité du pays et qui peuvent être qualifiées de «trahisons de l’État» devraient être bloquées ou volontairement supprimées. Par exemple, plusieurs grands sites qui diffusent chaque année la parade militaire de la prétendue république populaire de Donetsk pourront être concernés », a déclaré le député Vinnyk dans les couloirs du parlement. Cependant, cette explication n’a pas répondu aux inquiétudes.

Les risques.

En pratique, les journalistes estiment que le parlement ukrainien est à deux doigts de d’introduire une loi qui permette la censure sur Internet. Car le mécanisme de contrôle et de responsabilité n’est pas écrit. Ils citent un certain nombre de menaces:

  • Le projet de loi donne aux agences d’État (en particulier aux Services de sécurité d’Ukraine) des opportunités incontrôlées pour bloquer les ressources d’information

  • Il introduit un blocage obligatoire par les fournisseurs d’accès ukrainiens à toutes les ressources en ligne, même celles seulement soupçonnées de violer la loi, le tout, sans décision de justice pendant 48 heures;

  • Il introduit un registre des ressources d’information interdites sur la base duquel les opérateurs de télécommunication devraient en restreindre l’accès. Ils doivent également acheter à leurs frais de moyens techniques pour ce blocage. Et dans le cas du non-respect de la loi, ils sont menacés de sanctions.

La position des services de sécurité ukrainiens (SBU).

Le SBU soutient l’initiative des législateurs, se référant à la présence de ressources dangereuses selon eux, disponibles sur internet. Au cours des cinq premiers mois de 2018, les services de sécurité ukrainiens ont signalé l’utilisation de 181 ressources numériques par des services spéciaux russes afin de déstabiliser la situation en Ukraine a déclaré Oleg Frolov, chef adjoint du service spécial, lors d’une réunion au parlement.

Qui critique le projet de loi?

Un certain nombre d’organisations de défense des droits de l’homme et des médias les plus respectés ont appelé le parlement à renoncer à cette loi. Parmi elle, le syndicat national des journalistes d’Ukraine, de la Plateforme des droits de l’Homme, du laboratoire de la sécurité numérique, du centre d’information sur les droits de l’Homme, de la Freedom House ukrainienne.

Quel est le statut actuel du projet de loi?

Le Comité du parlement ukrainien sur la sécurité nationale et la défense a recommandé aux députés d’adopter en première lecture le projet de loi (№ 6688) qui permet de bloquer temporairement les ressources d’information. La décision appropriée des membres du comité a été appuyée lors d’une réunion mercredi. Les députés ont encore une semaine pour adopter la loi en première lecture avant les vacances.


Les prisonniers politiques : Baloukh et Sentsov

Nouveau verdict pour Baloukh. En Crimée, le tribunal du district de Rozdolnensky contrôlé par la Russie, a condamné l’activiste ukrainien Volodymyr Baloukh à 5 ans de colonie et à une amende de 10 000 roubles. (environ 1 300 EUR). L’activiste a été condamné dans le cadre de la combinaison de deux affaires pénales.

Le juge a déclaré que volodymyr Baloukh avait commis un crime en relation avec «l’hostilité au système actuel du gouvernement, ce qui est confirmé par les crimes passés». Le président ukrainien Petro Porochenko a souligné que le verdict prononcé par le tribunal de la Crimée annexée envers l’activiste ukrainien Volodymyr Baloukh était injuste et que l’Ukraine continuerait à se battre pour chacun de ses otages. Le ministère des Affaires étrangères ukrainien a également contesté cette décision.

Le 11 juillet prochain, le premier vice-président du parlement ukrainien Iryna Gerachchenko a invité le représentant de la Fédération de Russie dans le Groupe de contact tripartite Borys Gryzlov à organiser une réunion du groupe à Minsk afin de discuter de la possibilité d’échanger 36 prisonniers russes contre les otages ukrainiens.

Oleg Sentsov : Premier rendez-vous avec sa cousine depuis 4 ans. Natalia Kaplan, cousine du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov condamné injustement en Russie, lui a rendu visite à la colonie «Ours blanc» à Labitnangi (Yamalo-Nenets Autonomous Okrug) le jeudi 5 juillet dernier. «Nous avons discuté avec lui pendant deux heures. Oleg pèse maintenant 75 kg pour une taille de 190 cm. Il a perdu 15 kg depuis le début de sa grève de la faim», a déclaré Kaplan dans une interview accordée à la chaîne de télévision Hromadske. Selon elle, l’état de santé de Sentsov est aujourd’hui jugé satisfaisant, les analyses ne sont « pas très bonnes », mais « rien de critique ». « Hier, il se sentait très mal, aujourd’hui il se sentait mieux, mais dans la soirée son état de santé s’est de nouveau détérioré. Cependant, il dit que c’est beaucoup plus facile maintenant. La période la plus difficile est celle des trois premières semaines lorsque l’on mène une grève de la faim. Maintenant, on le nourrit au goutte-à- gouttes. Sans elles, il ne survivrait plus. Il n’a pas l’intention d’arrêter sa grève de la faim mais il reste optimiste et il croit en sa victoire » a déclaré la cousine du réalisateur.


L’affaire Vitaly Markiv : Première audience et une requête contre l’Ukraine

Le 6 juillet, le procès de l’affaire Vitaly Markiv, un militaire de la Garde nationale ukrainienne a commencé en Italie. Il est accusé du meurtre d’Andrea Rocchelli, un photojournaliste italien tué lors d’un bombardement près de la ville de Sloviansk dans la région de Donetsk en mai 2014, et de tentative de meurtre sur William Roguelon, un photographe français qui était dans le même groupe de journalistes que Rocchelli.

Selon les matériaux de l’affaire: « L’accusé, positionné sur le mont Karatchoun et guidé par des desseins criminels délibérés, a provoqué la mort d’un citoyen italien Andrea Rocchelli, en utilisant contre ce dernier (et contre tous ceux avec qui il avait réalisé des reportages photos sur le territoire) de nombreux tirs d’armes à feu d’abord et ensuite, alors qu’Andrea Rocchelli s’était caché dans un petit ravin afin de rester en vie, l’accusé a tiré 20 obus de mortiers sur cet abri en le visant de

manière à atteindre Andrea Rocchelli, qui a finalement été tué sur le coup avec Andrei Mironov, son collègue russe, et également pour blesser grièvement William Roguelon, un journaliste français et deux autres personnes de nationalité ukrainienne qui ne peuvent pas être identifiées. (Lisez la suite dans un article de l’UCMC ).

Le procès civil des associations de journalistes italiens contre l’État ukrainien s’avère représenter un nouveau tournant dans cette affaire. La Fédération Nationale de la Presse Italienne (FNSI), l’Association Régionale des Journalistes de Lombardie et l’Association Cesura Lab Freelance, dont Andrea Rocchelli était l’un des fondateurs attaquent en justice l’État ukrainien en la personne d’Yevhen Pereligyine, l’ambassadeur d’Ukraine en Italie. Le contenu de la demande des requérants n’a pas été rendu public.

Certains observateurs estiment que, de cette manière, l’entreprise devient de plus en plus politique. Radio Svoboda, se référant à ses propres sources dans les milieux diplomatiques, écrit: «Le cas de Vitaliy Markiv passe à un niveau supérieur et devient politique, car il ne s’agit plus seulement d’accuser un citoyen ukrainien du meurtre, mais tout l’État ukrainien est désormais accusé de ce crime ».


Sociologie : Qu’est-ce qui inquiète les Ukrainiens?

Les résultats d’un sondage d’opinion ukrainien réalisé en mai 2018 par l’Institut international de sociologie de Kyiv indiquent que 67% des personnes interrogées s’inquiètent de la guerre dans l’est de l’Ukraine, 54% s’inquiètent de leur niveau de vie. Le statut de la langue russe en Ukraine ne préoccupe que 2% des répondants, et les relations avec l’Union européenne, 4%. Des problèmes tels que les relations entre les citoyens ukrainiens et les autres nationalités, la renaissance de la nation ukrainienne, l’annexion de la Crimée ne concernent que 5-6% des citoyens.


Culture: Une écrivaine ukrainienne a reçu le prix Ingeborg Bachman.

L’écrivaine ukrainienne Tetyana Malyartchuk a remporté le Prix d’Ingeborg Bachmann de la littérature allemande, qui a lieu à Klagenfurt, en Autriche. Ces lectures ont lieu à Klagenfurt depuis 1977, elles sont visionnées par 300.000 personnes. Le prix d’Ingeborg Bachmann a été fondé en l’honneur de l’une des plus célèbre écrivaine autrichienne. Le gagnant reçoit un prix de 25 000 euros. Tetyana Malyartchuk est une écrivaine et journaliste ukrainienne qui vit en Autriche depuis 2011.