Que s’est-il passé dans le cas de Pavlo Hryb?

La dernière prise de parole avant le verdict : que s’est-il passé dans le cas de Pavlo Hryb?

À Rostov-sur-le-Don, un autre procès concernant un prisonnier politique ukrainien s’achève. Il s’agit de celui de Pavlo Hryb qui a été arrêté en 2017 à l’âge de 19 ans par les services spéciaux russes. Il s’était rendu au Bélarus pour un rendez-vous avec une jeune fille qu’il avait rencontrée sur les réseaux sociaux. UCMC présente un compte-rendu de cette affaire.

Qu’a dit Pavlo Hryb dans sa dernière prise de parole avant le verdict? «C’est la première fois que j’ai l’occasion de prendre la parole. Mes derniers mots, dans lesquels je voudrais enfin tout dire, tout ce qui s’est réellement passé», a déclaré Pavlo.
Dans sa dernière prise de parole, Hryb n’a pas reconnu les accusations portées contre lui, car elles proviennent du Service fédéral de sécurité et «ce sont des voyous et des meurtriers». Il a également souligné que «personne n’avait de raison d’imaginer» que le Bélarus était un pays «vraiment dangereux».
Pavlo a souhaité à tous les patriotes ukrainiens de supporter la prison avec dignité, «en toute vérité et en toute conscience». Et à la fin, il a prononcé «Gloire à l’Ukraine! Et Gloire à la nation ukrainienne!».

Le verdict. Le verdict a été énoncé le 22 mars à 11heures. Pavlo Hryb a été condamné à 6 ans de prison ferme. C’est la peine que les procureurs avaient demandée.

Que sait-on de la détention et des allégations? La détention de Pavlo a été révélée le 28 août 2017, lorsque son père l’a annoncée. Il a déclaré que le 24 août, le garçon, âgé alors de 19 ans, s’était rendu au Bélarus, à Gomel plus précisément, pour rencontrer une fille, Tatiana Yerchova, dont il avait fait la connaissance sur les réseaux sociaux. La fille vivait en Russie et devait venir au rendez-vous. Pavlo Hryb est convaincu qu’en juin et août, ce sont les forces de sécurité russes qui correspondaient avec lui sous le nom de Yerchova. Le 7 septembre, on a appris que l’Ukrainien était détenu au centre de détention de Krasnodar. Les enquêteurs russes lui reprochaient d’avoir soi-disant préparé une attaque terroriste dans une école de Sotchi.

Pourquoi est-ce lui qui a été arrêté? Les militants des droits de l’homme ont immédiatement qualifié d’étrange l’histoire de Pavlo. Pourquoi est-ce lui qui a été arrêté? Pavlo était un simple étudiant, il était en première année de philosophie à l’Académie Kyiv-Mohyla. Selon son père Ihor Hryb (un ancien officier du corps des gardes-frontières et actuellement engagé dans la création d’un service d’aumônerie dans les agences du pouvoir), Pavlo dénonçait activement l’agression russe en Ukraine sur les réseaux sociaux et «souvent n’a pas mâché ses mots». Selon la version du père de Pavlo, c’est la raison pour laquelle le FSB a arrêté son fils. Pavlo n’a pas pris part à la guerre dans le Donbass et n’a pas servi dans l’armée. Il est handicapé et, comme le dit Ihor Hryb, son père, il doit prendre des médicaments spéciaux sans lesquels il peut mourir.

Entre la vie et la mort. Pavlo a une maladie congénitale grave: l’hypertension portale, il a besoin d’un traitement spécifique quotidien. Les autorités russes refusent d’autoriser les médecins ukrainiens à lui rendre visite pour l’examiner. Le 22 décembre, l’avocate Dubrovina a déclaré que l’état de santé de Pavlo se dégradait. Le jeune homme est devenu presque aveugle et avait des difficultés à s’orienter dans l’espace. Sa mémoire se détériorait. Le 29 janvier 2019, Lyudmila Denisova, Commissaire européenne aux droits de l’homme à la Verkhovna Rada, a déclaré que Pavlo était sur le point de mourir et qu’il avait besoin d’une opération à cœur ouvert immédiate.

La Cour européenne des droits de l’homme. En décembre 2018, la Cour européenne des droits de l’homme a ordonné à la Russie de fournir des documents médicaux sur la santé de Pavlo Hryb.

Auparavant, la Commissaire aux droits de l’homme avait déclaré que le prisonnier politique Pavlo Hryb avait besoin d’une opération immédiate au cœur. Le 29 janvier 2019, la Russie a refusé au consul d’Ukraine l’autorisation de rendre visite à Pavlo Hryb. Le 21 décembre 2018, le tribunal a refusé de le libérer en résidence surveillée pour raisons de santé. La Commission de surveillance de la Fédération de Russie a déclaré que les conditions de vie dans le centre de détention étaient compatibles avec l’état de Pavlo.