Un an exactement après l’inauguration, le président Volodymyr Zelensky a tenu une conférence de presse pour les journalistes. Contrairement à sa prmière conférence tenue en octobre dernier, l’Office du président a décidé de ne pas établir de records d’endurance et de se limiter au format traditionnel « sur la pelouse ». Les journalistes ont interrogé Zelensky sur sa politique interne, ses relations avec les oligarques, les relations au sein de son équipe et de nombreuses autres questions. Les principales thèses des réponses du président sont citées plus loin dans le matériel de l’UCMC.
Experts et peuple: deux vues sur les résultats de la première année de la présidence de Zelensky
D’une part, après un an à la présidence de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky bénéfecie toujours de la confiance des 57% des citoyens. En témoignent les résultats d’un sondage réalisé par le groupe sociologique «Rating» les 12-13 mai 2020.
Dans le même temps, les sondages d’experts et de journalistes estiment que des résultats de cette année sont moins positifs. Par exemple, une enquête auprès des journalistes et experts régionaux menée par la Fondation pour les initiatives démocratiques d’Ilko Kucheriv du 8 au 15 mai 2020, montre que les experts ont évalué l’efficacité de Volodymyr Zelensky en tant que président de l’Ukraine relativement faible. Le score moyen de son activité n’est que de 3,1 points sur une échelle de 10 points. Ici, l’opinion contraste fortement avec les estimations de la population.
Selon les experts interrogés, c’est l’interaction du président avec le parlement qui a été plus efficace, alors que la politique des ressources humaines du président serait un échec avec seulement 2,1 points sur 10.
Selon les experts, la principale réussite du président au cours de la première année de son activité est qu’il a pu parvenir à l’adoption de la loi foncière, à la libération des prisonniers ukrainiens et a pu conserver le pouvoir. En outre, presque tous les répondants approuvent la décision du président de signer la loi bancaire.
À propos du Donbass, de la Russie et des combattants pro-russes
Lors d’une conférence de presse le 20 mai, Volodymyr Zelensky a parlé de la situation dans le Donbass. «En ce qui concerne «il faut juste arrêter de tirer», c’est un processus difficile. Je n’ai jamais exhorté notre armée à ne pas répondre aux tirs des combattants. Je voulais montrer au monde – et maintenant nous le faisons – que nous avons une armée très forte, mais nous ne provoquons pas, nous nous battons pour notre pays, s’ils nous tirent dessus, nous répondrons, mais nous ne serons pas les premiers à tirer. Si l’autre partie cesse simplement de tirer, conformément aux accords de Minsk, aux accords de Normandie, ce serait fini. Mais ils (les combattants) ne savent pas ce qui va leur arriver».
« Seule la Fédération de Russie exerce l’influence sur les combattants ».
En parlant des militaires russes dans le Donbass, le président a ajouté: «Ils sont différents là-bas, il y a des Russes, il y a des Ukrainiens qui ont pris un deuxième passeport parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans de telles conditions, mais il y a aussi des combattants. Nous voyons qu’il y a des militaires russes là-bas. Nous savons exactement pourquoi ils tirent. Il y a à la fois des militaires russes et des citoyens russes. Nous comprenons qui leur donne des ordres de tirer ».
À propos des oligarques
Après l’arrivée au pouvoir de Zelensky, il a souvent été accusé de dépendre de l’oligarque Igor Kolomoisky. Dans le même temps, au fil du temps, il est devenu évident, surtout après l’adoption de la loi bancaire, que le président sait comment ne pas succomber à l’influence de l’oligarchie. Il semble qu’il essaie de mettre en œuvre une politique d’équidistance entre les différents groupes financiers et oligarchiques.
«J’établis des relations avec les gens de la façon dont je peux et comme je veux. Et tant que j’établirai mes relations comme je le souhaite, je serai indépendant des groupes financiers et des oligarques.
Je ne suis pas un lobbyiste de leurs intérêts. Ils ne peuvent pas me pousser à mettre telle ou telle personne en fonction. Il me semble qu’ils ne veulent même pas le faire. Soit parce qu’ils ont peur, soit parce qu’ils comprennent que c’est inutile».
«Vous pouvez trouver un accord avec moi sur beaucoup de choses, à l’exception des choses très importantes: si nous parlons du Donbass, alors investissez l’argent dans les territoires qui ne sont pas occupés. Là, je parle avec eux et ils sont prêts à investir. Je suis prêt à discuter avec des hommes d’affaires et des oligarques: allons construire des hôpitaux.
Que puis-je faire pour eux? Juste proposer des règles égales. Je veux qu’ils vivent et travaillent conformément à la loi ».
À propos des nominations douteuses et du manque du personnel
Le président Zelensky a souvent été critiqué pour ses nominations et ses décisions concernant la politique des ressources humaines. Il a déjà changé deux gouvernements et a fait plusieurs nominations douteuses. Andriy Yermak, chef de l’Office du président s’est déjà retrouvé au cœur du scandale. Les journalistes ont posé des questions sur les principes qui guident le président lors de la nomination des personnes.
«Je n’ai jamais nommé et je ne nommerai jamais aucun parrain ou ami militaire. Lorsque vous me citez et dites que de nouveaux viendront, vous me demandez pourquoi le procureur général n’a pas travaillé auparavant au Bureau du procureur général? Je ne sais même pas comment vous répondre, peut-être, car c’est quelqu’un de nouveau».
« Andriy Yermak n’est pas le parrain de mes enfants. Andriy Yermak est un fiduciaire, je lui fais confiance et il occupe vraiment le poste de chef de l’Office du président».
En outre, Zelensky a reconnu que la pénurie de personnel est un réel problème. « Nous avons une pénurie de personnel dans le pays. Je ne trouve pas de bon ministre de la Culture en ce moment. Nous nous sommes adressés à la communauté culturelle, aux nombreuses personnes pour demander de proposer des candidatures. Nous avons du mal à trouver le ministre de l’Éducation, le ministre de l’Énergie. Quelle que soit la personne que nous emmenions, le lendemain, les médias écrivent: «C’est l’homme d’Akhmetov, de Kolomoisky ou de Pinchuk ».
Sur l’affaire de Cheremet et le ministre Avakov
Pendant le mandat présidentiel de Zelensky, plusieurs volontaires et médecins ont été arrêtés pour le meurtre très médiatisé du journaliste Pavel Cheremet. Volodymyr Zelensky était personnellement présent lors d’une réunion d’information organisée par le ministre Avakov sur cette affaire. Dans le même temps, l’affaire n’est pas convaincante et la société commence à se poser des questions sur la culpabilité réelle des accusés. Les preuves recueillies jusqu’à présent sont insuffisantes.
« J’ai été invité (à une conférence de presse), je suis venu. Parce que je veux être invité à tous les cas très médiatisés. Et celui de Maidan, et celui de Handziuk, et celui de Chermet. Maintenant, c’est Arsen Avakov, ministre des Affaires intérieures, qui est responsable pour l’affaire de Pavlo Chermet et il le sait.
Si l’enquête puis le tribunal prouvent que les personnes qui sont actuellement en cellule d’isolement sont des meurtriers, ils iront en prison. Sinon, les personnes qui ont porté l’affaire devant les tribunaux et accusé les innocents seront tenues pour responsables.
Je suis prêt à assumer toute responsabilité. Mais je ne suis pas responsable de l’enquête qui suit son cours. Le président ne doit pas influencer l’application des lois ou le tribunal. Je suis prêt à assumer la responsabilité si l’enquête a été erronée, je suis prêt à tirer de sérieuses conclusions sur le personnel et je ne m’en passerai pas”.
À propos de la construction de routes et de ponts
L’état des routes ukrainiennes est loin d’être satisfaisant. Lors d’une conférence de presse, Zelensky a évoqué le problème de la construction de routes et de ponts comme l’une des priorités de sa présidence. « Je voudrais être un président qui restera dans les mémoires comme la personne après laquelle les routes sont apparues en Ukraine. Je le veux vraiment, car je vais vivre en Ukraine après mon mandat et je veux rouler sur les routes, je veux que les gens les voient et je ne veux pas en avoir honte.
Notre tâche est de construire toutes les routes nationales qui uniront notre pays, qui serviront d’une vitrine. Et c’est 25 mille routes prioritaires. Et je suis sûr que d’ici la fin de mon mandat qui durera autant de temps que le peuple ukrainien le décidera, nous terminerons la construction de toutes les routes nationales ».
« Il y a un grand programme prévu, pour lequel je recherche actuellement 3 milliards de dollars. Il serviront à refaire tous les ponts de notre pays ».
À propos du deuxième mandat de la présidence
Au cours de la campagne électorale de l’année dernière, Zelensky a souligné qu’il se présentait pour un mandat et qu’il ne se représenterait pas. Les journalistes lui ont demandé s’il avait changé d’avis. «J’y songerai», a-t-il déclaré.
«Honnêtement? Une cadence ne suffira pas … Je suis arrivé pour un mandat, comme je l’ai dit. Je vois que le travail est difficile, personne ne dira «merci , mais s’il y a un grand soutien du peuple ukrainien, je pourrai y penser … Je pense que j’ai ce qu’il faut pour penser».
«Je ne cours pas après la popularité. Pour moi, il est très important de savoir si je mérite d’être un président, si je mérite d’être un serviteur du peuple. En revanche, je suis certain de l’attitude des gens envers moi».